RICHARD STE-MARIE
Le Blues des sacrifiés ALIRE,
366 PAGES ✪✪✪½

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Le Droit 4 juin 2016 / Le Soleil 5 juin 2016
VALÉRIE LESSARD
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blues
Francis Pagliaro aime toujours son épouse Lisa et la musique classique, entretient une relation attendrissante avec sa petite-fille Léa, n’a pas encore développé de dépendance au jeu ou à l’alcool qui le rendrait taciturne ni fini ses études en philosophie. Bref, plutôt que de cultiver l’image du flic torturé, Richard Ste-Marie continue de cultiver son héros en l’entraînant – et le lecteur à sa suite – dans des enquêtes qui le mènent dans les coulisses du domaine artistique. Après le monde des arts visuels dans Repentir(s), voilà que Pagliaro doit élucider des meurtres qui pourraient cette fois être liés au milieu musical dans ce Blues des sacrifiés. L’affaire devient plus personnelle pour Pagliaro quand son collègue, le policier expert en informatique Nicolas Turmel, est assassiné. Il en va de même pour Louis Collard, saxophoniste et enseignant de musique, lorsque sa conjointe est tuée. La même arme aurait été utilisée dans les deux cas. C’est l’occasion pour Pagliaro de mener avec sa fille Katia (Karine) une première enquête (au cours de laquelle il sera à la fois question de trafic humain, de corruption dans les rangs policiers et d’intégrisme musulman sans que ça paraisse trop tiré par les cheveux), tout en philosophant sur la nature humaine. Et pour Richard Ste-Marie d’en faire apprendre un peu plus sur les captations inédites se marchandant à prix fort (et pas nécessairement de façon légale parmi les fans et collectionneurs), sur le métier de mixeurs de musique et sur le blues, en plus de mettre en valeur certains items du menu du restaurant L’Orée du bois, de Chelsea. Le Blues des sacrifiés marque aussi une première pour l’auteur, qui alterne les points de vue (il continue à utiliser le « il » pour mettre en scène Pagliaro, tout en jouant du « je » quand il se glisse dans la peau de Louis Collard). Sans être originale, la manière dynamise sa trame.